Charles LEMAIRE
photographe
Nombre de frontières européennes, dès lors qu'elles sont ouvertes, me font elles aussi penser au Kintsugi. Combien de larmes, combien de drames autour de ces lignes de séparation. Tant qu'il est encore temps, prendre le temps de célébrer le pont plutôt que la barrière, le poste de douane désaffecté, l'absence de frontière.
Un travail à retrouver dans mon livre "A la limite"
27, 29 mars, 1er avril 2018 - Brexit
Frontière entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord. Trois Kintsugis sont posés. Les deux premiers sur des ponts: ils sont l'opposé d'un mur puisqu' ils permettent de franchir la frontière. Le troisième sur un poste de contrôle désaffecté, en espérant qu'il le reste à jamais.
Bien qu’absente, à quelques jours de la date prévue pour le Brexit, j’ai d'autant plus hésité à célébrer cette frontière d’un kintsugi… et le 30 mars 2019, j’ai été bien inspiré de n’utiliser que la colle la moins forte pour en poser un tout près de Derry. A moins de 3 miles de là – j’avais fait ce trajet en une petite heure à pied - le 18 avril 2019, Lyra McKee, une journaliste qui couvrait les affrontements entre la New IRA et la police est tuée d’une balle « perdue » … Mon Kintsugi pouvait s’envoler.
