#UglyBelgianStatues

#uglybelgianstatues – le projet


1 – Photographier les statues des jardinets (frontyard) ou de tout espace similaire visible de la rue (même quand on m’y invite, je ne rentre pas dans les propriétés des gens pour y prendre les photos).

2 – Si elles sont visibles je considère donc qu’elles sont a priori montrées.

3 – En revanche, si elles tournent le dos à la rue, me vient un doute. Ne me regardant pas, elles sont clairement destinées au plaisir de leur propriétaire. Mais, elles sont quand même visibles… donc je les photographie quand même. Ou j’en photographie au moins une. Tant cette situation est exceptionnelle (moins d’un pour cent des jardins). Ce sont les Palais Stoclet des nains de jardins.

4 – Et puis parfois je m’écarte de mon propos, photographiant une statue publique, ou une autre à l’intérieur d’une maison… Parce que j’en ai envie.

5 – « Ugly » ? Moches ces statues ? Ce titre est juste repris de « ugly belgian houses » un projet de collecte des maisons les plus moches de Belgique… Pour ma part j’y vois la plupart du temps beaucoup de kitch… Mais il fallait un titre, et celui-là en valait un autre.

Ajoutons encore :

Ce n’est qu’une collecte rudimentaire, rapide, sans volonté de composer la plus belle image de chacune ni de documenter complètement. C’est comme un bloc note. Juste une invitation pour chacun de regarder à son tour au-delà des clôtures et des haies, à la recherche de nouvelles pépites.

La localisation est volontairement vague. Le lieu de départ de ma promenade à pied en général. Et en cas de franchissement de frontière provinciale le point d’entrée dans cette autre province.

J’ai régulièrement des contacts très amicaux avec les propriétaires de ces statues, même quand je leur dis que je photographie les « statues moches » !

#uglybelgianstatues – figuration


Alors que l’abstraction est dominante dans l’art, les statues de jardin résistent et font (littéralement) de la figuration.

Humains et animaux principalement, peu de végétaux et d’objets ou monuments. Comme s’il s’agissait de remettre un semblant de vie – une image de vie, même minérale ou plastique – dans un environnement d’où elle a pratiquement disparu.

Et une présence dans un espace où plus personne n’est présent – enfermé entre ses quatre murs ou parti au travail -.

#UglyBelgianStatues


Une récolte de photos de "statues moches" au cours de mes promenades.


Retrouvez les sur:

Facebook: https://www.facebook.com/UglyBelgianStatues

Instagram: https://www.instagram.com/uglybelgianstatues/


Toutes ne sont pas vraiment moches, mais...


Première exposition lors du parcours "Le fil de l'art", Walhain, 14-15 octobre 2023


Deuxième exposition pour "Strange Wallonia" avec Place ô Arts, Anciens abattoirs de Bomel (CCN), Namur, 5-16 juin 2024

#uglybelgianstatues – sacré


Sans aller toujours jusqu’à la grotte de Lourdes privée, la statuaire de jardin laisse fréquemment une place au religieux (ou au sacré). La multiplication récente des images de bouddhas pourrait ainsi ne pas seulement être une juste une mode, mais aussi la révélation de la présence accrue de cette philosophie chez les Belges.

Dans d’autres cas, les statues réactualisent ce sacré, insérant au milieu des divinités habituelles de nouveaux demi-dieux : de Mr Patate à un couple de dauphins.

Et en général, n’est-ce pas de toute façon, avec le prototype du nain de jardin, un autel aux divinités domestiques (le chat, le chien) ou plus rurales (le nain, le troll) qu’on met la en place ?

Dans le même temps, chapelles, potales et autres petits lieux de culte sont devenus des refuges pour statues religieuses en fuite. Là où ne figurait auparavant qu’une statue principale (parfois accompagnée d’une autre – la présence d’une vierge Marie à côté d’un Saint Antoine n’étonnera personne -) ce sont parfois des dizaines de statues hétéroclites qui se bousculent. Comme des réfugiés sur leur embarcation de fortune ou des SDF à la porte d’un asile de nuit.

#uglybelgianstatues – ready-made ou pizza ?


La statuaire de jardin est peut-être aussi l’acte artistique de celui qui n’a pas la main artistique, de celui qui ne peut pratiquer que le ready-made ou l’installation.

A partir d’éléments standardisés, industrialisés, chacun est libre de composer son propre décor et sa propre œuvre. Comme dans le cas de la pizza, où chacun, à partir de quelques éléments, peut composer un repas différent de celui de son voisin ; mais une pizza quand même. Ou le constructeur en Lego qui, au bout du compte, quoi qu’il fasse, n’aura jamais qu’une construction en Lego, faite uniquement de Lego, même si elle diffère, presque en tout de celle de son voisin.

Et, sauf exception, la plupart des statues visibles dans les jardins est transportable, déplaçable… C’est peut-être d’ailleurs la raison principale qui fait qu’on n’en voit aucune dans certaines rues… La nuit elles partent en voyage, souvent sans retour, avec l’un ou l’autre noctambule, alcoolisé ou financièrement intéressé…

#uglybelgianstatues – et en ville ?


S’il devait y avoir un équivalent à mes « statues moches » en ville, je penserais le trouver dans le contenu des fenêtres en façade. Là aussi on retrouve bon nombre de statues, une place pour le chat de la maison, mais aussi quelques éléments originaux : des vases, contenant ou pas des plantes et des fleurs, et toute sorte de bibelots décoratifs.

Les photographier serait un tout autre projet.

Mais je trouve quand même en ville quelques éléments qui font clairement partie du même univers que celui des jardinets en façade.

Une statue sur un appui de fenêtre (à l’extérieur)… on est clairement dans le même registre.

Une autre sur un balcon ? Quoi de plus semblable que ce balcon et les quelques mètres carrés de jardin devant une maison ?

Fixée sur une façade ? Là encore j’ai peu de doute. Je prends.

Mais on a atteint la limite : un bas ou un moyen relief sur une façade ? Est-ce qu’on ne se rapproche pas trop de la peinture ? Un décor ancien ? Est-ce qu’on peut l’intégrer dans cette collecte d’objets essentiellement industrialisés ? C’est clair, en ville, j’hésite beaucoup… et puis souvent, je photographie quand même. Je vous laisse seul juge.